Ce mardi 9 février 2021 est déjà entré dans l’histoire des États-Unis. Pour la première fois en 232 ans, un président ayant achevé son mandat doit être jugé au Sénat dans le cadre d’un procès sur un acte d’impeachment voté par la Chambre des représentants. Ce procès, qui ne peut donc plus être en destitution, est le deuxième à être imposé par une Chambre à majorité démocrate à Donald Trump en à peine un an. Inédit là encore. Tous les précédents présidents jugés par le Sénat – Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1999 – l’avaient été en plein exercice et une seule fois, ce qui semblait à l’époque déjà un événement considérable. Mais lors de son premier procès, comme ses deux prédécesseurs, Donald Trump avait été acquitté par le Sénat. Et ce, massivement : en février 2020, aucun des deux chefs d’accusation votés par la Chambre (abus de pouvoir et obstruction au Congrès) n’avait été approuvé par plus de 48 sénateurs… quand il en faut 67 – la majorité des deux tiers – pour obtenir la condamnation.
Des supporters de Donald Trump lors de l’envahissement du Capitole, à Washington, le 6 janvier 2021
— Photo Miguel Juarez Lugo/Zuma Press/Réa.
Après ce premier acquittement, la singularité de ce second procès est donc d’autant plus forte, même si le Sénat est dans l’intervalle passé d’une majorité républicaine de 53 élus sur 100 à une égalité 50-50 – pour les votes « classiques », les sénateurs pourront être départagés par la vice-présidente Kamala Harris. Elle renvoie à l’accusation d’incitation à l’insurrection votée par la Chambre contre Donald Trump après l’attaque du 6 janvier contre le Congrès des États-Unis, à Washington (lire l’épisode 36 de la saison 1, « Pour Trump, la peine Capitole »). Cet événement d’une gravité exceptionnelle – on a dénombré cinq morts – faisait suite à un meeting du Président à quelques centaines de mètres du bâtiment pour contester la certification des résultats présidentiels (lire l’épisode 35 de la saison 1, « Silence, ça putsche »), au cours duquel il a explicitement invité ses partisans chauffés à blanc par des mois de désinformation électorale à marcher vers le Congrès et à «combattre de toutes leurs forces». L’enquête judiciaire menée depuis par le FBI et les procureurs fédéraux n’a d’ailleurs rien fait pour atténuer la gravité de cette insurrection. De nombreuses inculpations pour conspiration ont été prononcées par des grands jurys fédéraux, à la demande des procureurs du ministère de la Justice, contre des membres de milices nationalistes, comme les Proud Boys.