Hollywood s’est longtemps refusé à mettre en scène un président des États-Unis malintentionné. La figure du chef de l’État, devenue centrale dans l’émergence de la superpuissance démocratique après 1945, devait rester indemne de tout soupçon de malveillance. Et s’il pouvait être radicalement faible et incompétent – comme dans le Docteur Folamour de Stanley Kubrick – ou égaré par de mauvais bailleurs de fonds – tel le président de L’Affaire Pélican d’Alan J. Pakula –, jamais un président américain de fiction n’agirait contre son propre pays. Le tabou n’est – magistralement – brisé à l’écran qu’en 2005 dans la série 24 Heures chrono, quand le président Charles Logan est pris la main dans le sac – et la voix sur un enregistrement audio – par l’agent spécial Jack Bauer en train de conspirer contre son pays. À l’époque, personne n’aurait imaginé un tel scénario dans la réalité. Mais ça, c’était avant Donald Trump qui vient, une nouvelle fois, de reculer les frontières du possible dans la politique américaine. Il est inculpé, en tant qu’ancien Président, pour la deuxième fois en trois mois par le ministère fédéral de la Justice et son procureur spécial Jack Smith. Mais après l’inculpation pour rétention illégale de documents classifiés à son domicile floridien de Mar-a-Lago et entrave à leur restitution (lire l’épisode 15, « Trump vaque à ses inculpations »), Donald Trump est accusé cette fois d’avoir comploté pendant des mois contre les États-Unis.
Cette accusation de conspiration frauduleuse est assortie de trois autres chefs non moins ahurissants pour un ancien Président : entrave à une procédure officielle, conspiration pour entraver cette dernière, et complot pour priver les citoyens de leur droit à voir leurs votes comptabilisés (lire l’épisode 21 de la saison 2, « Enquête sur le Capitole : Trump ne cède pas d’un putsch »). Ces chefs d’inculpation portent sur les agissements de Donald Trump pour renverser les résultats de l’élection présidentielle perdue en 2020.