Il y a quelques semaines, les lecteurs des Jours s’en souviennent (lire l’épisode 22, « Cour suprême contre la montre pour Trump »), on rappelait la fameuse phrase de Richard Nixon justifiant a posteriori l’espionnage de ses opposants envisagé en 1970 avec le plan Huston : « Quand le Président le fait, cela signifie que ce n’est pas illégal. » Grâce à Donald Trump et à la Cour suprême remodelée par ses soins, le rêve de Richard Nixon est en partie devenu réalité. Sollicitée par Donald Trump pour lui accorder une immunité pénale totale, lui permettant d’échapper à son inculpation fédérale relative au déni électoral de 2020 et à l’insurrection du Capitole, la Cour suprême ne lui a pas tout à fait donné raison ce lundi : pour les actes non officiels, qui n’ont rien à voir avec l’exercice de sa fonction, un ancien Président peut en théorie toujours être poursuivi en justice. Mais en théorie seulement. Car l’ampleur de l’immunité de fonction accordée par le juge en chef John Roberts, auteur de l’opinion majoritaire de l’arrêt « Trump v. United States », est telle qu’elle remet en cause toute justiciabilité d’un ex-Président.
Motivant sa décision par la nécessité de protéger à tout prix la capacité du Président à accomplir son mandat sans entraves ou arrière-pensées, la majorité conservatrice de la Cour suprême reconnaît une immunité pénale totale pour tous les actes officiels du chef de l’État dans l’exercice de ses fonctions telles qu’énoncées dans la Constitution.