Le 25 octobre, à quinze jours de la date officielle des élections de mi-mandat (les midterms) du 8 novembre, le président Joe Biden a pris la plume pour s’adresser à la nation américaine dans un dernier message avant leur vote. La tonalité en est claire : Joe Biden y invite les électeurs à faire le bon « choix » – rappelant à un vieux lecteur français la fameuse antienne giscardienne. Le choix de la démocratie et de la défense des droits sociaux face à une droite conservatrice républicaine décrite comme à la solde des grands milliardaires et ralliée au national-populisme de Donald Trump. La tribune du président Biden énumère aussi une série de faits qu’il juge tout à l’avantage de son administration : le taux de chômage actuel aux États-Unis est à 3,5 % de la population active, soit le quasi plein-emploi, alors qu’il était à 6,9 % au moment de la présidentielle de 2020, en pleine crise du Covid. Si le président Biden ne peut nier par ailleurs l’inflation massive (avec une augmentation annuelle des prix de 8,2 % en septembre), il note que le prix de l’essence à la pompe ne cesse de décroître depuis l’été, en dépit de l’envolée des cours mondiaux de pétrole brut. Et Joe Biden ne peut s’empêcher avec excès d’attribuer la baisse au déblocage, par son administration, des réserves stratégiques de pétrole. Le Président rappelle enfin le bilan législatif considérable de ses deux premières années de mandat, alors qu’il ne dispose pourtant que d’une majorité technique au Sénat grâce à la voix de départage de sa vice-présidente Kamala Harris entre les 50 sénateurs démocrates et les 50 républicains.
La présidence Biden se singularise, de fait, par la variété et la profondeur de son bilan législatif par rapport aux trois mandats démocrates précédents (Jimmy Carter, Bill Clinton, Barack Obama) bénéficiant, eux, de majorités confortables au Congrès. Joe Biden, au prix de négociations interminables et peu spectaculaires avec les éléments les plus conservateurs de sa majorité, tel le sénateur de Virginie occidentale Joe Manchin, aura fait voter en deux ans la première législation fédérale en un quart de siècle sur de nouvelles régulations des armes à feu, le plus gros investissement fédéral de l’histoire (375 milliards de dollars) pour lutter contre le réchauffement climatique ou un plan de rénovation des infrastructures à 1 000 milliards de dollars.