La commission d’enquête parlementaire de la Chambre sur l’insurrection du Capitole a osé. Ce jeudi 13 octobre, surprenant tout le monde pour sa dernière audition publique, la commission
Si les parlementaires du Congrès ne sont jamais allés jusqu’à citer à témoigner un président en exercice, cela n’est arrivé qu’en deux occasions pour d’anciens chefs de l’État avant Trump. En 1846, deux ex-Présidents, John Quincy Adams (1824-1828) et John Tyler (1841-1845), sont cités à comparaître pour témoigner dans l’enquête parlementaire sur les détournements de fonds présumés de l’ex-secrétaire d’État Daniel Webster. Les deux se plient de bonne grâce à cette assignation, à une époque où la présidence américaine n’a encore revêtu aucun de ses atours de toute-puissance. Mais un siècle plus tard, en pleine guerre froide et dans l’hystérie anticommuniste du maccarthysme, la commission d’enquête sur les activités anti-américaines (HUAC) cite à comparaître l’ex-Président Harry S. Truman, à peine sorti de ses fonctions, en novembre 1953. Truman refuse tout net et fait connaître dans une longue lettre au patron de la commission, l’élu de l’Illinois Harold Velde, les motifs de son refus. Truman s’appuie sur la nécessaire indépendance réciproque de la présidence et du Congrès qu’il étend aux chefs de l’exécutif ayant achevé leur mandat. Selon Truman, pour que la séparation constitutionnelle des pouvoirs soit valide, elle doit aussi concerner les présidents ayant quitté la Maison-Blanche afin de ne pas les soumettre à un harcèlement parlementaire à retardement. À l’époque, cet argumentaire n’est pas contesté par la commission parlementaire qui renonce à faire appliquer la citation. Et vingt ans plus tard, quand Richard Nixon est empêtré dans le scandale du Watergate, il fait savoir par avance au sénateur Sam Ervin, le 7 juillet 1973, qu’il ne répondra pas à une éventuelle citation à comparaître devant la commission d’enquête du Sénat en reprenant le précédent et les arguments d’Harry Truman.

Même si des ex-présidents sont souvent venus de leur plein gré témoigner devant le Congrès, les refus passés de Truman et de Nixon soulignent la radicalité du choix de la commission d’enquête de la Chambre de citer à comparaître Donald Trump.