Quinze tours de vote et quatre jours. C’est ce qu’il a fallu à Kevin McCarthy, élu conservateur de la Californie agricole et pétrolifère, pour devenir enfin speaker – c’est-à-dire le président – de la Chambre des représentants au début de la nouvelle législature sortie des urnes en novembre 2022. Cette répétition des scrutins publics face aux caméras de la chaîne parlementaire C-Span, devenue tragicomique au fur et à mesure des tours et des jours, était pourtant imprévisible. Les républicains disposent depuis les élections de mi-mandat d’une majorité en bonne et due forme de 222 représentants contre 213 pour les démocrates. Et Kevin McCarthy avait été réélu dès novembre à la tête du groupe républicain, faisant de lui le candidat naturel pour ce poste de speaker qu’il vise depuis son entrée à la Chambre, il y maintenant quinze ans. Il pouvait être d’autant plus optimiste qu’il avait obtenu le soutien public et insistant de Donald Trump, en récompense de sa soumission depuis l’insurrection du Capitole du 6 janvier 2021.
Alors patron de la minorité républicaine lors de l’assaut par les émeutiers de droite radicale, Kevin McCarthy commence par condamner Trump, promettant même imprudemment, alors qu’il est enregistré, de plaider en faveur de sa démission devant le groupe parlementaire républicain.