Si Total rime (souvent) avec scandale, c’est particulièrement vrai quand il s’agit de ses dividendes et de ses rachats d’actions. « Insupportable », s’était indigné le député La France insoumise Manuel Bompard en septembre dernier, après que TotalEnergies avait annoncé le versement d’un dividende exceptionnel de 2,6 milliards d’euros. Un peu plus tôt dans l’année, en février 2022, alors que les prix des carburants atteignaient déjà des sommets, son collègue Insoumis François Ruffin lançait, lui : « Je dis au gouvernement de bloquer les dividendes de Total. » Même Emmanuel Macron a placé les pratiques du groupe pétrolier dans son viseur. Au cours de son interview du 22 mars dernier, il a dénoncé le « cynisme » de certaines « grandes entreprises » qui profitent « de leurs revenus tellement exceptionnels qu’ils en arrivent à utiliser cet argent pour racheter leurs propres actions ». Même si TotalEnergies n’était pas été expressément désigné, tout le monde a compris.
Le 8 février, en même temps qu’il publiait un profit record de 19,5 milliards d’euros (lire l’épisode 10, « La satisfaction est Total »), le groupe présidé par Patrick Pouyanné a annoncé pour 2023 « une politique de retour à l’actionnaire visant un “pay-out” entre 35 % et 40 % », représentant le pourcentage de distribution du bénéfice réalisé, ainsi que des « rachats d’actions pour 2 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros) au premier trimestre ».