«Total criminel climatique », « Total exploiteur des peuples du monde entier »… Ce dimanche, on a entendu pas mal de slogans anti-Total lors de la marche « contre la vie chère et l’inaction climatique » organisée par la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale). Faire des compagnies pétrolières un thème de mobilisation politique et sociale est efficace
S’attaquer à Total, qui s’appelait alors la Compagnie française des pétroles (CFP), c’est ce qu’avait décidé de faire le Parti communiste au milieu des années 1970. Durant quelques mois, le parti dirigé par Georges Marchais tonne ainsi contre le « scandale pétrolier ». Conférence de presse, émission spéciale à la télévision et enfin une journée d’action dans toute la France, le 19 mars 1975, pour « dénoncer le scandale pétrolier et démasquer les profiteurs du gaspillage et du pillage ». Ces derniers, ce sont les patrons des compagnies pétrolières, des « trafiquants », dixit le secrétaire général du PC, qui « devraient être en prison » car ils « trichent avec les prix », sont une « mafia » et « ne paient pratiquement pas d’impôt ». Tout cela avec le soutien d’un gouvernement qui s’en prend aux « petits contribuables » et défend « les milliardaires ».

Le choix communiste d’un tel thème s’explique naturellement par le contexte du premier krach pétrolier. Du fait de la hausse des prix du brut, la croissance est en berne et le chômage augmente. Il y a de quoi crier au scandale (en insistant sur le « ale », comme le faisait Georges Marchais, et comme s’en amusaient les imitateurs à l’époque). Mais le contenu des accusations est plus que sérieux. Il provient d’un rapport d’une commission parlementaire publié en novembre 1974 et qui porte, selon son intitulé, « sur les conditions commerciales, financières et fiscales dans lesquelles les sociétés pétrolières opérant en France approvisionnent le marché français et y assurent la distribution des différents produits pétroliers, et sur leurs rapports avec l’État ». À sa sortie, le document a été salué comme