De Colmar (Haut-Rhin)
«Nous sommes les héros de l’ombre. » Agente des services hospitaliers (ASH) depuis huit ans aux urgences de Colmar, Caroline semble résignée. Lors de la journée de mobilisation nationale du 16 juin, elle avait noté cette phrase sur sa blouse bleue (lire l’épisode 3, « À Colmar, les urgences ruent dans les brancards »). Plus de deux semaines plus tard, elle garde ce sentiment d’avoir été en première ligne face au coronavirus, sans avoir été mise en valeur : « Pendant le Covid, on a parlé des infirmières, des médecins, mais pas des ASH. Les gens ne comprennent toujours pas ce qu’on fait. »
Ce vendredi 3 juillet, Caroline, 39 ans, patiente à côté d’un local plein de produits détergents et désinfectants, de bandeaux et de chiffons. Une forte odeur citronnée émane de la pièce. Quand un patient quitte l’unité d’hospitalisation de courte durée (UHCD), elle se rend dans la chambre libérée. Il faut alors évacuer les déchets, le linge sale, nettoyer et désinfecter le mobilier, les interrupteurs, le téléphone, les poignées de porte puis passer sur le sol le « DD » (le détergent désinfectant). Les gestes de Caroline sont vigoureux, mécaniques. Elle porte une coudière au bras droit.
Dans cette deuxième saison de la série Urgences, Les Jours ont plusieurs fois déjà évoqué les maux des ASH. Ismahanne Schumann racontait précédemment ses tendinites, son problème de genou, sa demande de mutation qui traîne (lire