Oria Mezoughi rebondit d’un bout à l’autre des urgences de l’hôpital Delafontaine comme une balle dans un flipper. À la fois messagère, guetteuse de regards et démineuse d’embrouilles, la médiatrice va là où on a besoin d’elle ; c’est-à-dire partout. À 57 ans, Oria a pris l’habitude de tire-bouchonner les manches de sa tenue pour la transformer en débardeur. Elle dit que c’est pour avoir moins chaud, on la soupçonne d’optimiser l’aérodynamisme. De ses poches dépassent des stylos, des liasses de papiers, un paquet de clopes, une bouteille d’eau à la grenadine. Son boulot consiste à désamorcer les tensions et à régler les problèmes, quels qu’ils soient. Avec une méthode assez simple : « Les gens sont très démonstratifs, souvent dans le cri. Mais si on n’est pas dans ce registre, ça peut se calmer. Je vais vers eux et je leur tends la main : “Bonjour, je suis madame Mezoughi, la médiatrice.” On ne peut pas serrer la main de quelqu’un et crier en même temps. »
Au départ, Oria est aide-soignante. Enfin, au vrai départ, Oria a été foraine pendant une dizaine d’années et bénévole à la Croix-Rouge. Elle est devenue aide-soignante en 1993, au service de gastro-entérologie de ce même hôpital de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis. « Le 93, c’est mon village », résume la médiatrice, qui en vient. Fille d’immigrés algériens, Oria a grandi à Drancy et y vit encore, malgré des excursions passagères dans des villes voisines.