Aucun milieu professionnel n’échappe aux discriminations sexistes. Pas même l’administration chargée de la lutte contre les inégalités, ainsi que Les Jours ont pu le constater au terme d’une longue enquête. Au Service des droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes (SDFE), placé sous l’autorité de la secrétaire d’État en charge de l’Égalité et de la Lutte contre les discriminations, Marlène Schiappa, nous avons ainsi pu recueillir une dizaine de témoignages de fonctionnaires en souffrance. En souffrance alors qu’elle l’assurait encore le 28 mai au micro de BFMTV, Marlène Schiappa se dit « toujours du côté des victimes, toujours du côté des personnes qui parlent ». Celles que nous avons rencontrées sont des victimes, elles parlent, mais la secrétaire d’État ne les entend pas. Comme le dit Stéphanie, l’une de ces femmes, les cordonnières sont parfois les plus mal chaussées.
Le SDFE se compose d’une administration centrale et d’un réseau « déconcentré », composé de déléguées départementales, chevilles ouvrières de la politique du secrétariat d’État chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Elles sont basées dans les 101 départements français, parfois au sein de préfectures, de sous-préfectures ou de directions départementales de la cohésion sociale, et la majorité du temps, elles travaillent seules. Leur rôle est de sensibiliser l’administration et le public de leur département aux questions de discriminations sexistes, d’améliorer la prise en charge des femmes victimes de violences, de favoriser l’égal accès aux postes à responsabilités ou encore, très concrètement, d’organiser dans leur zone la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars. Elles sont rattachées au SDFE donc, ainsi qu’au ministère des Solidarités et de la Santé. Autant de services chargés de lutter contre les discriminations qui devraient se montrer exemplaires en la matière.

Pourtant, parmi la dizaine de témoignages de femmes déjà parties ou encore en poste recueillis par Les Jours, le constat est souvent le même. Isolées dans leurs départements respectifs, elles racontent un quotidien difficile, entre la surcharge de travail et un climat hostile installé par certains collègues ou supérieurs hiérarchiques qui rejettent la politique féministe qu’elles incarnent.