Combattre un virus en prenant de haut la population ? Grande idée. En RDC, c’est même la cause indirecte du meurtre du docteur Mouzoko.
Dire que la République démocratique du Congo est pour moi une obsession serait un euphémisme. Depuis dix ans que j’arpente ce pays-continent de long en large, de Bunia à Kinshasa en passant par Kisangani et Kananga, il m’arrive bien parfois d’aller explorer de nouveaux horizons, mais c’est ici toujours que je reviens. C’est en couvrant les procès de chefs de guerre à la Cour pénale internationale aux Pays-Bas que j’ai découvert cette région. Pendant deux ans, j’ai travaillé avec un groupe de journalistes congolaises à la production d’un programme radio sur la justice, diffusé sur les stations de la région des Kivu grâce à l’Institute for War and Peace Reporting. Une expérience qui a marqué ma pratique du journalisme, ancrée dans la collaboration avec les journalistes locaux et les communautés sous-représentées pour en amplifier les voix.
Dans la province du Nord-Kivu, où j’ai vécu pendant plusieurs années, j’ai aussi couvert la rébellion du M23 comme correspondante d’Associated Press et enquêté sur les agissements d’une compagnie pétrolière britannique dans le parc national de Virunga pour un documentaire qui a reçu plusieurs prix, dont un Peabody Award et une nomination aux Oscars.
Pour Les Jours et grâce à une bourse du European Journalism Centre, je me suis lancée dans une enquête mi-policière mi-épidémiologique sur le meurtre mystérieux d’un médecin camerounais lors de l’épidémie de virus Ebola dans la région de Beni. Une sale affaire qui met en lumière les inégalités en matière d’accès à la santé et le rôle d’organisations internationales dans leur perpétuation.
Combattre un virus en prenant de haut la population ? Grande idée. En RDC, c’est même la cause indirecte du meurtre du docteur Mouzoko.
Nouvelles infos des « Jours » sur la mort du médecin Richard Mouzoko : contre Ebola, l’OMS aurait rémunéré des miliciens de la région.
Malversations, mauvaise gestion des fonds de l’OMS… En RDC, l’enquête sur la mort de Richard Mouzoko s’oriente vers la piste économique.
Des docteurs lésés, Ebola qui progresse, des Maï-Maï… En RDC, l’enquête sur le meurtre de l’épidémiologiste Richard Mouzoko avance.
Sur l’épidémie comme sur le meurtre du docteur Mouzoko, le pouvoir n’a pas communiqué. Et a alimenté le virus de la désinformation.
Le 19 avril 2019, le médecin Richard Mouzoko est abattu. Après huit mois d’épidémie d’Ebola en RDC… et autant d’arrogance des autorités.