Comment relancer les discussions au cours d’un dîner un peu mou ? Tentez un tour de table des pires souvenirs de cantine, ça fait toujours son effet. Le mien, c’est un repas servi régulièrement pendant mes années collège, qui incarne parfaitement les aberrations possibles dans les lieux de restauration scolaire. Son nom : la palette à la diable.
Ce plat consistait en une généreuse tranche de porc noyée dans une sauce à la fois très sucrée et très salée – parfaite donc pour les frites. Ça tombe bien, on en avait droit à une pleine assiette en accompagnement. On dévorait donc les frites industrielles pleines de sauce en prenant garde bien sûr à ne pas toucher à la semelle enrobée de gras qui faisait office de viande, et finissait donc à la poubelle. J’en ai croqué une fois, et le dégoût que j’ai ressenti alors fut, je crois, une petite vengeance pour le porc en question sur les horreurs subies pendant toute sa vie.
Du sel, du sucre, de la souffrance animale et surtout beaucoup de gâchis. Sert-on toujours ce genre de repas dans les cantines aujourd’hui ? Plutôt oui, si l’on en croit la journaliste Sandra Franrenet, qui publie ce mardi Le Livre noir des cantines scolaires (éditions Leduc) dans lequel elle dénonce la malbouffe, le sucre, le gaspillage et les aliments transformés omniprésents dans la restauration scolaire française.
Pour comprendre pourquoi on nourrit ainsi les enfants, il faut parler gros sous.