Comme beaucoup de ceux qui aiment le local à croquer (lire l’épisode 5, « On va tous crevettes ! ») et à siroter (lire l’épisode 3, « Ça s’est brassé près de chez toi »), j’ai mes « exceptions Marco Polo ». Explications. Ainsi vont mes menus : je mange dès que possible des poires et des choux produits près de chez moi, accompagnés parfois de courges et de framboises de mon potager. Mais quand vient la fin du repas, j’avale sans sourciller un petit café. Il est bio, il est équitable… mais il est surtout cultivé très loin, en Amérique du Sud. Et quand je m’accorde
Mais ces petites exceptions pèsent très lourd. Quelques ordres de grandeur. Le café est une des matières premières cotées en bourse les plus échangées au monde : la valeur des exportations s’élève à 17,87 milliards de dollars (15 milliards d’euros) pour l’année caféière 2019-2020, durant laquelle ont été produits 168,84 millions de sacs (de 60 kg, soit 10,13 millions de tonnes). Quant à la consommation, elle augmente de façon stable de 2 % par an depuis dix ans, selon l’Organisation internationale du café. Le thé, lui, annonce une production annuelle de 6 millions de tonnes, d’après la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) et un rythme de croissance de la production de 4,4 %. Côté consommation, le match entre les deux boissons est serré. On boirait 2,25 milliards de tasses de café chaque jour dans le monde, assure l’économiste Stefano Ponte. L’International Institute for Sustainable Development compte, lui, 3 milliards de cups of tea quotidiennes.

Autre point commun entre les deux denrées : les milliers de kilomètres parcourus avant qu’on les consomme. L’historien anglais James Walvin raconte dans un chapitre de son Histoire du sucre, histoire du monde (La Découverte, 2020) comment ces boissons pas vraiment locales sont devenues entre le XVIIIe et le XIXe siècles des rituels quotidiens en Europe, y compris pour les classes populaires. Petit résumé : tout cela n’a été possible que grâce à une production intensive et à bas prix, le tout via l’exploitation généralisée de populations et d’écosystèmes par des empires et entreprises coloniaux. Il y décrit surtout comment les économies du café et du thé
Enfin, café et thé partagent un même mode de culture principal : celui de la « plantation ».