À la SNCF, où la température sociale a déjà atteint ces derniers mois un stade proche de l’ébullition, la grève nationale qui débute ce jeudi 5 décembre prend une dimension particulière. L’enterrement du régime spécial de retraite qu’entraîne le passage à un système « universel » par points s’annonce comme l’une des dernières étapes de l’éclatement de la compagnie, dans la droite ligne des réorganisations qui minent les cheminots. L’origine du régime remonte aux années 1850, soit plus d’un demi-siècle avant la naissance de la SNCF. À cette époque, le maillage ferroviaire de la France est tissé par des compagnies privées qui ont tout intérêt à fidéliser les travailleurs du rail dont elles assurent la formation. « Elles sont assujetties à un cahier des charges qui leur demande de mettre en place un service fonctionnel en continu, rappelle aux Jours l’historien des chemins de fer Georges Ribeill. Répondre à cette injonction suppose de s’attacher et de soumettre cette main-d’œuvre particulière par des privilèges exceptionnels pour l’époque. »
Le premier d’entre eux tient à la garantie de l’emploi, hors faute grave. Celle-ci sera l’un des piliers du futur « statut » des cheminots, dont la mort est programmée au 1er janvier prochain pour les nouveaux embauchés. Le second consiste en une assurance contre la maladie et l’invalidité, ainsi qu’un service de soins dédié à ces métiers plus exposés que d’autres au risque de blessures et d’accidents.