
Pour les cheminots, la souffrance au travail est parfois telle qu’elle tue. Un « syndrome France Télécom » que nie la direction. Enquête.
Son rôle dans la série.
La Société nationale des chemins de fer français naît en 1938 de la fusion des compagnies, privées pour la plupart, qui couvraient chacune une portion du territoire : la « PO » (Paris-Orléans), la « PLM » (Paris-Lyon-Méditerranée), etc. Plus récemment, la SNCF a subi trois réformes-clés. D’abord, la séparation de la gestion de l’infrastructure et de l’exploitation. En 1997, Réseau ferré de France (RFF) devient propriétaire du réseau, la SNCF payant une redevance pour l’utiliser. En 2015, machine arrière : SNCF et RFF sont réunifiés, mais la première est scindée en trois établissements publics à caractère industriel (Epic) : SNCF Réseau (infrastructure), SNCF Mobilités (exploitation) et une holding de tête. En 2018, enfin, le Pacte ferroviaire transforme les Epic en sociétés anonymes, ouvre à la concurrence le transport de passagers et prévoit la fin des recrutements au statut de cheminot. Le groupe possède par ailleurs des centaines de filiales de droit privé dans le transport ferroviaire, mais aussi routier, la logistique… Ses effectifs sont en baisse constante. De plus de 500 000 à sa création, la SNCF employait, en 2018, moins de 140 000 personnes, dont 15 700 contractuels. Ces salariés de droit privé n’étaient encore que 7 800 en 2010.
Par Alexia Eychenne
Pour les cheminots, la souffrance au travail est parfois telle qu’elle tue. Un « syndrome France Télécom » que nie la direction. Enquête.
Manque de reconnaissance, fin du régime spécial, externalisation : à la SNCF, les agents démissionnent en masse.
La souffrance au travail affecte particulièrement les cheminots chargés de l’entretien des rails, où la sous-traitance prospère.
Édouard Philippe appelle à ne pas « priver » les Français de Noël. Mais pour les cheminots, une pause est inconcevable. Même à la CFDT.
La durée et l’ampleur du mouvement boostent les grévistes de la SNCF. D’autant que cette fois, ils ne sont pas seuls dans la fronde.
Pour les cheminots, la grève de ce jeudi est capitale : la réforme des retraites est un pas de plus vers la dislocation de leur métier.
Réorganisés, réformés sans cesse et sans stratégie, les cheminots trinquent. C’est le constat des experts et des médecins du travail.
À partir du 15 décembre, le cœur de métier de ces cheminots – donner le départ des trains – disparaît. Souffrance et déclassement.