«Dans le cadre de votre peine, Monsieur, il y a une obligation de soins. Vous devrez être suivi par rapport à l’alcool. » Cette phrase n’est attachée à aucune juridiction, à aucun jour ni à aucun dossier en particulier. Elle pourrait avoir été prononcée par tout magistrat ayant déjà présidé une audience de comparution immédiate (lire l’épisode 1, « Sur les bancs de la justice du quotidien »)
Aux quatre coins du pays, les infractions sont souvent commises sur fond d’alcool ou d’autres drogues. Souvent, ces substances font des auteurs des habitués des tribunaux. Dans un engrenage incontrôlable. Siam B. y est entré très jeune. D’abord, il a fumé un joint, puis un autre, a vendu quelques grammes de résine de cannabis dans le centre de Nantes (lire l’épisode 2, « À Nantes, “la justice est mal rendue” »). En 2018, encore mineur, il a été arrêté une première fois. Depuis, la machine ne s’arrête plus. Les événements semblent complètement dépasser le jeune homme de 21 ans qui vit encore chez sa mère, quand il ne dort pas en prison.

En quatre ans, Siam B. a été condamné cinq fois pour trafic de drogue. Le 19 mars 2022, alors qu’il purge une peine de sursis avec mise à l’épreuve qui lui interdit de paraître à Nantes, il y est surpris par les policiers, un joint à la main. Il s’en débarrasse, trop tard. Lors du contrôle, les forces de l’ordre trouvent plus de 3 000 euros en liasses sur lui, mais aussi quelques sachets de cocaïne. Il leur suffit de quelques vérifications pour comprendre à qui ils ont affaire. Quelques heures plus tard, la police procède à une perquisition chez la mère de Siam B. Une énième intrusion dans la vie de cette femme, à bout, qui demande aux policiers : « Je peux gifler mon fils ? » Et dans la chambre du multirécidiviste : têtes d’herbe, cocaïne, LSD, pilules bleues soupçonnées d’être de l’ecstasy.
« Les têtes d’herbes, c’est à moi ; l’herbe qu’il y avait sur moi, c’est à moi ; mais le reste, c’est pas à moi, répète Siam B. à l’audience à Nantes