Ça ne rate jamais. À chaque fois qu’un hebdomadaire fait sa une sur les entreprises préférées des jeunes diplômés, les géants de la cosmétique sont dans le top 10, quand ce n’est pas sur le podium. Plus glamour que la charcuterie, moins sulfureux que le tabac, à l’abri des dilemmes moraux de l’armement, le secteur plaît. Il sent bon, il a bonne mine, il est frais, à l’image des étudiants trop propres sur eux que les magazines choisissent pour illustrer leurs dossiers.
Cette popularité en devient presque gênante. En avril 2016, Alain-Dominique Perrin, président de l’EDC Paris Business School et de la fondation Cartier, a d’ailleurs poussé un coup de gueule, dans Le Parisien Étudiant. Selon lui, les écoles de commerce françaises lâchent chaque année sur le marché 4 000 diplômés en marketing soi-disant spécialisés luxe-cosmétique, alors que le secteur peut en absorber au maximum 300.
J’ai deux supérieurs et ils n’ont pas toujours les mêmes exigences. C’est déstabilisant.
Chez le numéro un mondial des cosmétiques, les entretiens sont collectifs. Sélectionnés sur dossier, les candidats stagiaires sont convoqués à sept ou huit. Assis autour d’une table, ils dissertent sur le lancement d’un produit fictif, sous l’œil de deux responsables des ressources humaines. Garance, 27 ans, diplômée de l’ESC Amiens, est ressortie vainqueur de l’arène. Elle a décroché un stage, transformé depuis en CDD.