«Alors il a dit quoi, Macron, j’ai rien compris ? », « Alors finalement, les vacances c’est quand ? », « Et c’est quoi cette histoire de tenaille ? » Nouvel épisode du Journal de rereconfinement (oui, on ne sait plus quoi inventer après celui de couvre-feu, du reconfinement et du redéconfinement), le fil d’informations vérifiées et validées par la rédaction pour répondre à toutes les questions que vous vous posez sur la crise sanitaire (et celles que vous ne vous posez pas). Et toujours en accès libre. Mais une édition bien particulière aujourd’hui puisqu’elle est entièrement consacrée à la nouvelle allocution d’Emmanuel Macron, président de la République dans le civil, épidémiologiste de renom dans le privé.
« Bien fait ». Il n’a pas sa tête des bons jours, Emmanuel Macron, quand il prend la parole mercredi à 20 heures. Même qu’on jurerait avoir aperçu un corbillard dans la cour de l’Élysée, à droite, dans le plan qui a précédé son allocution de 24 minutes. Un peu chiffon le Macron, donc, lui qui ne déteste rien tant qu’avoir tort, lui auto-bombardé épidémiologiste, lui qui, fin janvier, n’avait pas voulu reconfiner, lui, qui doit se maintenant contredire. Hein ? Quoi ? Se contredire ? Pas question : « Nous avons donc, je le crois, bien fait », s’arc-boute-t-il. « Nous avons gagné des jours précieux de liberté », dit-il même alors, que tout le monde a la solide impression d’être en zonzon depuis un an. C’est la faute du variant britannique, « une épidémie dans l’épidémie », dit-il tandis qu’un gros graphique rouge titré « nouvelle épidémie » (comprendre : pas celle où on a été bons, une autre) s’affiche. Bref, « nous avons donc bien fait », mais on va faire autrement.
Tous ensemble, ouais. C’est la fin du séparatisme qui voyait, depuis le 18 mars, seize départements, puis dix-neuf, être frappés d’un traitement différencié par rapport à l’ensemble du pays. À partir de ce samedi, et pour quatre semaines, tout le monde est au même régime. Bienvenue donc aux 77 départements métropolitains, vous allez voir c’est super : les commerces non-essentiels vont fermer (mais pas les coiffeurs), le télétravail sera « systématique » (mais toujours pas obligatoire), vous ne pourrez pas bouger à plus de 10 kilomètres autour de chez vous (mais jusqu’à 19 heures) et vous n’aurez plus le droit aux déplacements interrégionaux. Avec un petit arrangement sur ce dernier point : il est possible de rejoindre sa résidence secondaire d’ici le lundi 5 avril (c’est férié) ou d’en revenir. Vous n’avez pas de résidence secondaire ? Vous ne faites aucun effort.
Règles de vie. Grande largesse du président de la République : il n’y aura pas d’attestation à produire pour sortir (dans la limite des 10 kilomètres), même si certains « militaient » pour (qui ça ?). Principe présidentiel : « Chacun doit veiller non pas à s’enfermer mais à limiter les contacts. » La police surveillera les bambocheurs de plein air, attention. Mais Emmanuel Macron la joue grand seigneur : « Très clairement, nous faisons le choix de la confiance, de la responsabilité et celui, si je puis dire, de la respiration. »
Objectif : tous piqués. Le Président n’a pas oublié de remercier les soignants « au nom de vous tous » (heu, merci bien, mais on peut s’en charger nous-même) et promis de « nouveaux lits » de réanimation pour passer de 7 000 à 10 000. Ça n’a pas échappé à Emmanuel Macron, « beaucoup de services sont surchargés », cependant « nous n’avons pas perdu le contrôle », jure-t-il. Maintenant il faut « vacciner, vacciner, vacciner », mais comment, comment, comment, après un début de campagne désastreux et des retards à foison ? « Cette stratégie doit acccccélerer », dit-il avec plein de « c » comme s’il appuyait sur le champignon : « Il y a eu des retards, il y a eu des choses que nous avons corrigées (…) mais dans les semaines à venir, nous allons encore accélérer le nombre de doses que nous obtenons et nous allons progressivement devenir le premier continent au monde en termes de production de vaccins. » Pour les plus de 60 ans, ce sera à partir du 16 avril. Et dès la mi-juin, promis, « les rendez-vous seront ouverts à l’ensemble des Françaises et des Français de moins de 50 ans ». Et « d’ici à la fin de l’été », juré, « tous les Français de plus de 18 ans pourront être vaccinés », il l’avait dit, il le tiendra, l’objectif, pas question d’avoir tort.
L’espoir de la tenaille. Notre nouvelle amie est une tenaille. C’est en effet cet outil pas super sympathique servant d’ordinaire à arracher des ongles qu’a bizarrement convoqué Emmanuel Macron pour décrire la situation. Une mâchoire de confinement, une mâchoire de vaccination et c’est « cette tenaille qui va nous permettre à partir de la mi-mai de commencer à rouvrir le pays », parole de Président. « Entre la mi-mai et le début de l’été », rouvriront progressivement les lieux de culture, les commerces, les restaurants, les cafés. Bref, « cet art de vivre à la française ». Dans quel ordre et quand, précisément ? En bon commercial, Emmanuel Macron l’indique : « Je reviendrai vers vous pour préciser un agenda de réouverture. » On se le note : RDV PR dans pas longtemps.
Chemin d’espoiiiiir. Voilà donc l’horizon : mi-mai. D’ici là, Emmanuel Macron, qui peut toujours se reconvertir en parolier pour l’Eurovision si l’élection présidentielle de 2022 ne lui sourit pas, nous invite à « rebâtir ce chemin d’espoir ». Il joint les mains (« Le succès de ce mois d’avril dépend de chacun d’entre nous de notre esprit de responsabilité »), serre les poings (« Nous tiendrons, unis et déterminés ») et sa huitième prise de parole en un an de crise sanitaire à nulle autre pareille s’achève. La caméra a quitté le studio, elle s’élève au-dessus de la cour de l’Élysée et fixe le ciel bleu de Paris. Ciel
Si vous avez raté les Macron précédents… On aurait dit plus mais non : c’était ce soir la huitième allocution du président de la République en un an. La prem’s, c’était le 12 mars 2020 où il annonçait la fermeture des écoles (inaugurant également notre première saison sur la crise sanitaire, En quarantaine). La deuze, c’était quatre jours plus tard pour annoncer, mais sans le dire, le premier confinement (lire l’épisode 5 d’En quarantaine, « Macron : la guerre des retranchés »). La troize, elle était super puisque, le 13 avril, il annonçait la fin du confinement pour le 11 mai suivant (lire l’épisode 48, « Un homme et un confin »). La quatrième, le 14 juin, le Président était en roue arrière sur l’autoroute de la décontraction : « Nous allons donc pouvoir retrouver le plaisir d’être ensemble, de reprendre pleinement le travail mais aussi de nous divertir, de nous cultiver. » Le 14 octobre suivant, ça craint du boudin puisque, cette fois face à deux journalistes, Emmanuel Macron lance Nouvelle vague, la troisième saison de notre série sanitaire en annonçant désormais un couvre-feu (lire l’épisode 1, « Dormez, je le veux ! »). Boudin plus noir encore le 28 octobre avec le reconfinement (lire l’épisode 7, « Comme en mars et ça repart »). Le 24 novembre (c’est l’épisode 15), le Président esquisse un redéconfinement timide pour le 15 décembre et prévient : « Nous devons tout faire pour éviter une troisième vague, tout faire pour éviter un troisième confinement. » La suite, vous la connaissez désormais.
Quand me faire vacciner ? Tous les critères des personnes actuellement vaccinables sont en ligne sur sante.fr, où l’on peut aussi s’inscrire et trouver l’adresse d’un centre près de chez soi.
Comment s’occuper pendant le couvre-feu ? En lisant la suite de notre enquête à rebondissements sur Pierre Ménès et la façon dont Canal+ l’a protégé. Dernier épisode : Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts dévoilent le procès-verbal d’un comité d’entreprise qui s’est tenu à Canal+ le 25 janvier 2018, deux ans après l’affaire de la jupe de Marie Portolano soulevée en public par le chroniqueur foot. Un document qui établit que la direction du groupe était bel et bien au courant de ses agissements. Ce qu’elle a fait ? Rien… À lire en vous abonnant ici. Et en vous dépêchant, parce que l’offre n’est valable que jusqu’à minuit, les six mois sont à 20 euros en cliquant ici.
800 130 000. C’est le numéro vert à contacter 24 heures sur 24 pour toute question. Toux sèche, fièvre, nez qui coule ? C’est son médecin qu’il faut appeler et pas le 15, réservé aux détresses respiratoires. Et c’est aussi ce numéro qu’il faut aussi contacter en cas de difficulté à se faire tester.
Quand appeler le 15 ? En cas d’aggravation des symptômes accompagnés de difficultés respiratoires et signes d’étouffement.