L’avocat a une valise à roulettes. Il est arrivé le matin même. Repartira le lendemain avant l’aube. Romain Geoffroy est avocat au barreau de Montpellier, à 800 kilomètres de là. Dans sa valise, il a des documents expliquant comment son cabinet pourrait prendre en charge une procédure d’anciens salariés de SFR contre leur ex-employeur. C’est pour cela qu’il a fait le trajet. En attendant, il observe le petit groupe qui s’étoffe autour de lui. Il fait un froid glacial en ce soir de début février devant la maison des syndicats de Nantes, où se sont discrètement donné rendez-vous quelques dizaines d’anciens de SFR. Des hommes, mais surtout des femmes, qui travaillaient sur le site de Saint-Herblain, à côté de Nantes – 198 salariés sur 400 en sont partis en quelques mois, dans le cadre du gigantesque plan de départs volontaires (PDV) de 5 000 personnes, un tiers des effectifs, ouvert chez SFR.
Ils étaient conseillers clientèle, techniciens de réseau, administratifs… Après s’être côtoyés tous les jours pendant des années au bureau, ils ne s’étaient pas revus, pour beaucoup, depuis plusieurs mois. Certains avaient quitté l’entreprise sans même dire au revoir aux autres. Trop compliqué, trop douloureux. Alors, sur ce parking gelé, ils se demandent mutuellement comment ça va, ce que chacun devient. Ils ont commencé à changer de vie pour certains, à suivre des formations, à monter des projets de boîte, ou juste à ne rien faire. Mais sans vraiment se défaire de SFR.