Le storytelling a le mérite de la simplicité : avant, SFR allait mal, maintenant, SFR redécolle. Et ce miracle grâce à quoi ? Grâce au récent délestage de 5 000 emplois, pardon, grâce à la « restructuration » de l’entreprise. La semaine dernière, lors d’une conférence de presse, le groupe de Patrick Drahi, par la voix de son PDG Alain Weill et d’une mâle brochette de membres du ComEx (comité exécutif), a donné une version très arrondie aux angles de la situation de l’opérateur télécom. Version répétée quelques jours plus tard au micro de Léa Salamé sur France Inter. Selon Alain Weill, si SFR était autant dans la panade depuis son rachat par Patrick Drahi en 2014, c’est à cause de l’accord de « garantie de l’emploi » qui l’a empêché durant trois années de licencier. De fait, cette garantie avait été une des conditions pour autoriser le rachat à l’ancien propriétaire, Vivendi. « Pendant trois ans, nous n’avons pas pu restructurer l’entreprise. (…) Ni le savoir-faire, ni les process, ni la culture Altice n’ont pu se mettre en place. » « Nous avons été paralysés », répète le nouveau PDG.

La fuite des clients (moins deux millions d’abonnés) n’a donc rien à voir avec des décisions hasardeuses ou des stratégies éventuellement erratiques (assez bien illustrées par la valse des dirigeants du groupe) signées par l’équipe de Patrick Drahi. Hausse des forfaits, options imposées discrètement aux abonnés, services clients externalisés et délocalisés à l’étranger, changement de nom et de logo SFR pour un « @ » comme Altice gris, et puis non, finalement, plus de changement de nom (et on garde le carré rouge SFR), baisse des coûts à tous les étages et non paiements des fournisseurs et des sous-traitants, mais achat en parallèle à des prix exorbitants de droits sportifs dans le foot. Non, le problème, c’était cet engagement visiblement saugrenu de maintenir l’emploi. Heureusement, sitôt la garantie périmée, au 1er juillet 2017, a été ouvert le fameux plan de départs volontaires (clos fin novembre 2017). Désormais, SFR délesté du tiers de son poids salarial s’envole donc vers « la reconquête ». Les résultats du dernier trimestre sont en hausse, la remontada est en route.
Les Jours ont pu consulter un document interne, le dernier rapport du cabinet d’audit Sextant, mandaté par le comité de groupe – qui rassemble les représentants du personnel des filiales du groupe SFR – qui s’est tenu ce mardi 27 mars.