«Sleepy Joe », « Little Joe », « Crazy Joe », « 1 % Joe »… Tous les sobriquets servis publiquement par Donald Trump à Joe Biden n’y auront pas suffi : le candidat démocrate est désormais élu et il deviendra le 46e président des États-Unis, après quatre jours d’une hystérie électorale qui marquera cette grande démocratie. Donné gagnant les doigts dans le nez, par les sondeurs, avant le vote, donné perdant sitôt tombés les premiers résultats, Joe Biden a grapillé, État par État, les 270 électeurs qui lui valent d’entrer à la Maison-Blanche. S’il parvient du moins à en déloger son actuel occupant, si les incessantes contestations des votes par Trump ne trouvent pas une oreille favorable parmi les juges qu’il a nommés lui-même depuis quatre ans, ou à la Cour suprême modelée à sa main (lire l’épisode 13, « Intrigues à la Cour suprême américaine »), si ses appels répétés à une insurrection parmi ses partisans ne tournent pas au drame… Si tout ça, alors Joe Biden prêtera serment le 20 janvier prochain, à l’issue de l’étrange période de transition qui s’ouvre entre deux administrations aussi distantes que les Amériques qui les ont choisies à quatre années d’intervalle. Il prendra possession du Bureau ovale, l’un des QG de la planète si ce n’est le plus gros, et trouvera peut-être sur le bureau la lettre traditionnelle que laisse le partant à son prédécesseur. Peut-être des mots écrits en capitales hurlantes, comme Trump en a l’habitude sur Twitter, peut-être une nouvelle imprécation, la marque de fabrique du président sortant.