Caribou, Suddenly (City Slang, 2020)
Dan Snaith est un homme très sain. Il arrive aux interviews avec la politesse débordante des Canadiens et le corps d’un jeune quadra qui fait attention à lui, toujours impeccable dans ses T-shirts monochromes ajustés. Au premier abord, sa musique est aussi apprêtée et sous contrôle, depuis ses débuts en 2001 sous le nom de Manitoba, puis derrière celui de Caribou à partir de 2004. Mais, en profondeur, elle est aujourd’hui habitée par des remous préoccupés qu’il laisse enfin éclater dans Suddenly, le nouveau grand disque de ce discret devenu l’un des musiciens les plus essentiels de notre époque.
Enfant des années 1990 comme son grand pote et jumeau artistique Kieran Hebden, alias Four Tet (lire l’épisode 11, « Four Tet et Charanjit Singh, douce transe »), Dan Snaith a commencé par jouer une électronique de chambre cérébrale avant d’intégrer des influences post-rock et pop, puis de cheminer lentement vers les musiques de club
Après le marquant Swim en 2010, une frénésie rythmique qui refermait une période encore à cheval entre le format pop-rock et les temporalités distendues des musiques électroniques, Caribou avait sorti Our Love (2014), autre réussite cette fois totalement dévolue à l’abandon synthétique.