Thomas Guenancia est un jeune entrepreneur du rap français comme beaucoup d’autres. Sa seule différence, peut-être, c’est d’être très discret sur les réseaux sociaux
Chaque fois, c’est la même histoire : des petits artistes ambitieux qui cherchent à se faire voir, mais n’ont pas accès aux playlists éditoriales « officielles » de Spotify ni aux playlists des majors (Digster pour Universal, Filtr pour Sony, Topsify pour Warner). Ils se tournent donc vers le niveau d’en dessous, les grosses playlists d’utilisateurs devenus de vrais influenceurs du stream. « On utilise énormément les playlists indépendantes et payantes », avoue ainsi sans détour Michaël Bordg, qui est producteur au sein de Deepmine Records, manager et directeur général de Kespey Prod, une société qui a réalisé des clips pour les rappeurs en vue Ninho, Koba LaD ou Da Uzi. « On cherche de la visibilité pour nos artistes, mais ils n’ont pas forcément accès aux plus grosses playlists » parce qu’ils ne sont pas défendus auprès des plateformes par l’une des majors ou un gros label indépendant, qui disposent d’un contact privilégié avec Deezer ou Spotify.
« En plaçant un titre dans les deux plus grosses playlists de rap payantes, dont celle de Thomas Guenancia, on atteint facilement 80 000 auditeurs mensuels et 120 000 streams par mois sur ce morceau », continue Michaël Bordg. Tout cela pour « 1 500 euros mensuels », précise le producteur, pour qui cet investissement « marketing » a du sens : « Après un mois full time dans ces deux playlists, on sait que l’on va garder un certain nombre d’auditeurs et que nos titres vont se retrouver dans leurs playlists personnelles. » Ce qui génère des streams sur le long terme et encourage les algorithmes de recommandation à faire remontrer les chansons auprès d’auditeurs au profil similaire.