Du haut de ses 14 ans, Léa ne savait pas qu’elle posait la première pierre d’un futur petit empire quand elle a créé sa propre chaîne YouTube. Comme beaucoup d’adolescentes de son âge, la collégienne se cherche alors un peu, n’est pas très à l’aise à l’écrit – les blogs en vogue à cette époque, c’est pas pour elle, mais elle aime bien s’exprimer. Alors va pour le « vlog », le blog vidéo. Dans des petites séquences sur sa chaîne qu’elle a baptisée « Je ne suis pas jolie », elle se raconte, partage des conseils et prend peu à peu le rôle de grande sœur pour une communauté qui se forme autour d’elle. On est en 2010, elle est l’une des premières à s’installer sur le créneau. « À l’époque, les thématiques des chaînes étaient très définies en fonction de notre genre : le gaming pour les garçons, la beauté pour les filles. Heureusement, ça a évolué depuis », sourit Léa, qui a aujourd’hui 27 ans. Sa chaîne a déjà treize ans, une éternité à l’échelle d’internet.
Au fil des années, des milliers d’abonnés (d’abonnées, surtout) s’agrègent, suivent son développement sur d’autres réseaux. Aujourd’hui, 1,13 million de personnes la suivent sur YouTube et 909 000 sur Instagram. Pourtant, aucun adulte de plus de 30 ans ne connaît « Léa de Je ne suis pas jolie ». Ce monde-là a évolué en créant ses propres codes, loin des yeux des parents, trop prompts à sourire gentiment devant les « lubies » de leurs ados.