Du haut de ses 14 ans, Léa ne savait pas qu’elle posait la première pierre d’un futur petit empire quand elle a créé sa propre chaîne YouTube. Comme beaucoup d’adolescentes de son âge, la collégienne se cherche alors un peu, n’est pas très à l’aise à l’écrit
Au fil des années, des milliers d’abonnés (d’abonnées, surtout) s’agrègent, suivent son développement sur d’autres réseaux. Aujourd’hui, 1,13 million de personnes la suivent sur YouTube et 909 000 sur Instagram. Pourtant, aucun adulte de plus de 30 ans ne connaît « Léa de Je ne suis pas jolie ». Ce monde-là a évolué en créant ses propres codes, loin des yeux des parents, trop prompts à sourire gentiment devant les « lubies » de leurs ados. La mère de Léa, elle, a bien compris qu’il se passait quelque chose pour sa fille il y a une dizaine d’années : pour son premier partenariat avec une marque, elle lui crée un statut de microentrepreneuse. Léa a alors 16 ans. Guidée par sa famille elle-même dans l’entrepreneuriat, la jeune fille a disposé de tous les codes nécessaires pour monétiser son activité. Le chercheur Joseph Godefroy, rattaché au Centre nantais de sociologie, vient de soutenir sa thèse sur ce thème de la délicate transition d’un compte en matière sonnante et trébuchante. Pour lui, le profil des créateurs de contenus qui parviennent à faire la bascule est généralement celui de personnes issues de classes moyennes supérieures.