«Grâce à Dieu, nous avons une carte de résidence de dix ans en France. » Ce message, c’est celui que Mahmoud Jaamour a publié le 2 février dernier sur Facebook. Il vient d’apprendre que, après des mois et des mois d’exil, lui, sa femme et quatre de ses fils se sont vus accorder le statut de réfugiés sur le territoire français. « Ils ne pouvaient pas cacher leur soulagement et même leur joie », rapporte par téléphone Henri Loua, le référent social des Jaamour au sein de l’association Les Eaux vives à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), qui leur a annoncé la nouvelle. « Nous avons serré Henri dans nos bras ! Nous étions très émus », livre de son côté Tammam. « C’était chouette, poursuit-il en français. En plus, nous étions à une “party” organisée par les Eaux vives pour les réfugiés. C’était un endroit très beau, magnifique. » Double fête pour les Jaamour. Et fin d’une attente qui leur paraissait interminable.
« Quand nous sommes arrivés, en car, à l’endroit où se déroulait l’événement, Henri et sa cheffe nous ont dit que la réponse de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) était arrivée. Ils nous ont demandé si nous voulions ouvrir le courrier tout de suite », explique Tammam. Il narre le moment dans un flot continu de paroles, alternant entre le français et l’anglais. « Nous avions hâte de savoir. Depuis plusieurs semaines, certaines personnes qui étaient arrivées avec nous recevaient leurs papiers, précise le jeune homme. Nous nous demandions quand arriverait notre tour. » Le 1er janvier, sur Facebook, Mahmoud avait cité le Coran : « Nul ne sait dans quelle terre il mourra. » Il y commentait sa propre photo publiée exactement un an plus tôt, prise dans son bureau en Syrie. Et il avait ajouté : « Inch’Allah, puisse 2017 être l’année de la solution et du bonheur pour la Syrie et l’humanité. » Un an après, Mahmoud a quelques espoirs, dont celui d’une fin des affrontements dans son pays d’origine, et une certitude : lui et sa famille vont pouvoir vivre « en paix et avec stabilité » en France.

Comme les Jaamour avaient choisi la voie légale de la « relocalisation » pour se rendre en Europe de l’Ouest, le risque qu’ils n’obtiennent pas de papiers était très faible. La famille avait été auditionnée dès la Grèce (voir