«Ce ne sera qu’un déménagement de plus… mais j’espère qu’il adviendra le plus tardivement possible ! » Même si Tammam Jaamour tente de prendre la chose avec humour et philosophie, de l’inquiétude transparaît de ses mots. « C’est parce que nous sommes maintenant réfugiés que nous devons déménager », précise son frère Wissam. Depuis que les membres de cette famille syrienne relocalisée en France* ont obtenu, le 2 février, le statut de réfugiés, les démarches s’accélèrent, aux répercussions importantes pour leur avenir. Les Jaamour sont arrivés à Saint-Nazaire en septembre. Et il va encore falloir s’en aller.
Les six membres de la famille ne sont plus demandeurs d’asile mais des « personnes de droit commun », selon l’expression de Didier Leschi, le directeur de l’Ofii (Office français de l’immigration et de l’intégration). Première conséquence : ils ont perdu l’allocation mensuelle pour demandeurs d’asile (ADA) qui était de 23,80 euros par jour pour toute la famille, et bénéficient maintenant du revenu de solidarité active (RSA) – accordé à toute personne de plus de 25 ans sans aucune ressource – pour un total d’à peu près 1 500 euros par mois. La deuxième conséquence a trait au logement. Comme l’indique Didier Leschi, « notre souci est que les personnes qui ont obtenu des papiers sortent le plus rapidement possible des dispositifs Cada et Atsa ». Les Jaamour avaient été informés dès janvier de la durée limitée pendant laquelle ils pourraient rester dans ce logement par Henri Loua, leur référent pour l’association gestionnaire Les Eaux vives, et Chantal Martin, la responsable de l’asso. En septembre 2016, déjà, Emmanuel Aubry, le secrétaire général de la préfecture, expliquait : « Les demandeurs d’asile qui arrivent en Loire-Atlantique ne sont pas tous amenés à y rester. La plupart de ceux qui sont arrivés en début d’année ont quitté le département. »

Henri Loua a fait le point avec les Jaamour. Comme Mahmoud et Souhayr, les parents, n’ont pas encore d’emploi, donc ni revenu fixe ni garantie, le recours au privé est exclu de fait, d’autant que les loyers y ont augmenté de 47 % en dix ans selon l’association Caritas. Par le conditionnement des aides, les réfugiés sont fortement incités à quitter le département. Si les Jaamour, comme tous ceux qui ont obtenu l’asile, sollicitent un logement dans le cadre de la