Dans le train qui ramène Mahmoud, Souhayr et Tammam Jaamour de Nantes à Saint-Nazaire, la question fuse soudain de la bouche du père, dans un français un peu hésitant : « Le Pen présidente, c’est possible ? » L’aîné des cinq fils embraye : « Que va-t-il se passer si elle devient présidente ? » D’un seul coup, la famille de réfugiés syriens se demande comment sa vie en France sera possible si… Mahmoud reprend, traduit par son fils cette fois : « Mais si Le Pen passe, pourrons-nous rester ? » Tammam explique : il craint un « retour en Syrie, ou en Turquie… » Silence dans le wagon.
« C’est terrible. Nous avons fui la guerre et le racisme. C’est comme si ces horreurs nous poursuivaient », poursuit le jeune réfugié arrivé avec ses parents et trois de ses frères à Saint-Nazaire le 20 septembre dernier (lire l’épisode 15 de L’exil des Jaamour). Il a pourtant, comme ses parents, encore du mal à comprendre le paysage politique français. Des noms, ils en ont retenu quelques-uns : Macron, Le Pen, Mélenchon, Fillon essentiellement. « Macron, il est de droite ou de gauche ? », interroge encore le jeune homme. Pourquoi ces questions surgissent-elles à cet instant ? Voilà 24 heures que j’ai retrouvé la famille Jaamour, et aucune de nos précédentes discussions n’avait porté sur le sujet.