Imaginez que Pascal Praud soit votre collègue de bureau. Déjà, ça pique. Imaginez maintenant que votre collègue de bureau Pascal Praud débite publiquement des âneries à teneur climatosceptique. Là, ça commence sérieusement à gratter. Imaginez enfin que, à la suite desdites âneries de votre collègue de bureau Pascal Praud, vous vous preniez une volée de bois vert sur les réseaux sociaux. Là, vous enfilez des moufles afin de ne pas vous écorcher en vous grattant. Imaginez, pour finir, que votre chefferie protège et dédouane votre collègue Pascal Praud. Là, de rage, vos ongles crèvent les moufles et vous finissez en sang.
Cessez d’imaginer, cet érythème géant, c’est évidemment à CNews qu’il se propage. Et si cette maladie de Praud s’enflamme, c’est qu’il y a des phénomènes aggravants. Déjà largement décrédibilisée par le gueuloir animé chaque jour par Pascal Praud, la chaîne info de Canal+ vient de connaître, selon nos informations, plusieurs épisodes qui tiennent fort de la censure. Que ce soit pour ne pas déplaire à un partenaire commercial – Orange, l’ex-France Télécom – ou ne pas attenter à l’image de la police française. C’est bien simple : on peut raconter n’importe quoi sur CNews du moment qu’on s’appelle Pascal Praud mais s’agirait pas de faire trop son journaliste quand il est question du procès des anciens dirigeants de France Télécom ou des violences policières.
« Ça fait un mois que tout le monde est plombé », témoigne un journaliste. Un mois depuis ce dimanche de Pâques qui vit CNews passer par erreur des images d’archives du week-end d’Emmanuel Macron au Touquet, datant de 2018 et reconnaissables à ce détail : on y voyait Alexandre Benalla (lire l’épisode 113, « CNews cuisine Benalla à la sauce boulette »). Repérée par Juan Branco, la boulette fait le tour des internets et une pluie de moqueries s’abat sur CNews. Ballot. Mais une erreur, ça peut arriver. Sauf que là, ça arrive parce que tout CNews est en sous-effectif, de la recherche d’images à la validation des sujets, et que ce jour-là une journaliste pigiste – c’est-à-dire payée à la tâche – chargée de poser un commentaire sur des vidéos se retrouve seule à partir à la pêche aux séquences dans un logiciel auquel elle n’est pas formée. Plutôt que de mettre le chef qui a validé le sujet face à ses responsabilités, la direction s’empresse de balancer (à Libération) sur l’« erreur humaine d’une jeune journaliste pigiste ». Très élégant.