Ce lundi, le plan social de Canal+ est entré dans le dur (lire l’épisode 116, « Bolloré fait un sale plan à Canal+ »). Trois jours durant, la direction détaille en effet aux organisations syndicales la liste des 544 postes supprimés qui aboutiront, à la fin 2019 ou au début 2020, au départ de 492 personnes sur les 2 782 que compte le groupe en France, près de 20 % des effectifs. Attention, martèle la direction, c’est un plafond et surtout, il s’agit là d’un plan de départs volontaires. Ce qui signifie, sur le papier, que si tel salarié de Canal+ découvre que son poste est supprimé, il n’est pas pour autant condamné à prendre ses cliques et ses claques. Sur le papier, du moins. Parce que, au minimum, un gros gloups est à prévoir du côté de celui ou de celle qui va apprendre dans les jours prochains que son métier est désormais inutile. L’ambiance s’annonce pesante à Canal+, encore plus qu’elle ne l’est déjà depuis que Vincent Bolloré a pris le pouvoir en 2015. Alors Maxime Saada, le président du directoire, resserre les bretelles qui ne le quittent jamais et tente de faire avaler la pilule.
Tout va bien se passer. C’est le message, sur le ton avec lequel on s’adresse à un grand malade en phase terminale, que fait passer la direction depuis l’officialisation du plan social, le 9 juillet dernier, le plus gros de toute l’histoire de Canal+. Ce mardi-là, la direction de Canal+ a eu une grosse journée : d’abord, le matin, le comité social et économique (CSE) extraordinaire où le plan a été présenté aux élus, puis tout au long de la journée, une série de réunions avec un ordre très strict de hiérarchie. On commence par les grands chefs (chef se prononçant « manager » chez Canal+), on poursuit par les moyens chefs, puis les petits chefs et ensuite l’ensemble de ceux qui vont se faire hacher menu par le plan social : les salariés. Mais c’est bien sûr le message inverse qu’il s’agit de leur faire passer : vous allez voir, vous n’allez presque rien sentir, à peine un rapide souffle d’air frais sur la nuque. Et pour cela, deux canaux de communication ont été choisis, deux documents que se sont procurés Les Jours : un fascicule remis aux chefs leur fournissant clés en main des éléments de langage pour répondre aux inquiétudes de leurs équipes et une vidéo diffusée en interne au soir de la présentation du plan. Et vous allez le voir, l’un comme l’autre sont particulièrement gratinés…

Mais commençons par feuilleter ce délicieux fascicule intitulé non pas « Comment tuer son salarié sans saloper tout l’open space de son sang » mais plus sobrement « Kit de communication » et dont chaque page est siglée du logo Canal+ et de cet avertissement : « Document à usage interne exclusivement | ne pas diffuser » (raté).