C’est la nouille qui fait déborder le slip. Après 47 000 plaintes concernant Touche pas à mon poste, après avoir instruit seize dossiers suite à l’émission de Cyril Hanouna depuis 2015, après les trois semaines de suppression de pub en juin pour sanctionner deux autres désopilantes facéties de « Baba », l’enfant gâté de C8 et de Vincent Bolloré, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a pris sa décision ce mercredi : c’est trois millions d’euros l’homophobie. Une belle prune pour un canular téléphonique où Hanouna… Oh et puis non, on ne va pas gâcher des pixels et neurones à vous reraconter cette très pénible séquence : vous pouvez lire ce qu’on en a déjà dit ici.
Dans sa décision, le CSA rappelle les antécédents hanounesques dont on sent bien qu’ils commencent à sérieusement courir sur le haricot des sept conseillers et motivent ainsi son amende : « Le CSA a estimé qu’en diffusant cette séquence, la société C8 a gravement méconnu le principe de respect de la vie privée, ainsi que son obligation de lutter contre les discriminations. » Séquence au cours de laquelle Hanouna a « eu recours à de nombreux clichés et attitudes stéréotypées sur les personnes homosexuelles » : ah qu’en termes polis ces choses-là sont dites. En bref et parce qu’on ne veut toujours pas user ni pixels, ni neurones, ce 18 mai sur C8 en direct, Cyril Hanouna a campé un certain Jean-José efféminé au possible minaudant au téléphone avec un homme qui pensait répondre à une petite annonce en ligne. Et parce que c’est tellement marrant Hanouna a fait la blague avec six autres interlocuteurs.
Trois millions d’euros et encore, le CSA s’est retenu : il pouvait, c’est dans la loi, aller jusqu’à 3 % du chiffre d’affaire de C8, la filiale gratuite de Canal+. Il a même la possibilité, en cas de récidive, de monter jusqu’à 5 %. Avec Cyril Hanouna, mieux vaut s’en garder sous la semelle. Le Conseil n’a en revanche pas choisi de suivre les préconisations du rapporteur indépendant – qui, comme dans une affaire judiciaire classique, mène l’instruction tandis que le CSA décide des sanctions. Lui, Régis Fraisse, suggérait au CSA de suspendre Touche pas à mon poste pendant une semaine. Mais, indique-t-on dans les hauts étages de la tour Mirabeau où siège le Conseil, « on n’a pas voulu passer pour des censeurs ».

En revanche le CSA est sur la même ligne que l’analyse du rapporteur, dont Les Jours ont eu copie.