Attention, c’est un moment historique dans L’empire : nous allons faire un compliment à Vincent Bolloré. Soyez attentifs, ça ne va pas durer longtemps : Vincent Bolloré a de la suite dans les idées. Voilà. Fin du compliment. Parce que le problème, c’est que les idées en question sont mauvaises. Prenez la « news factory », littéralement « l’usine à informations » – déjà dans les termes, c’est une mauvaise idée. Mais surtout c’est une mauvaise idée qui ressurgit : mercredi, selon nos informations, un comité d’entreprise extraordinaire a remis sur les rails, et même sérieusement enclenché, le rapprochement entre CNews, la chaîne d’information de Canal+, et CNews Matin, du nom que porte désormais Direct Matin, le quotidien gratuit de Vincent Bolloré.
Remis sur les rails car l’idée date en fait de fin septembre 2016, comme vous l’avaient révélé Les Jours à l’époque (lire l’épisode 29, « Morandini, le retour en face »). C’était à quelques jours de la grève à i-Télé dont on ignorait encore qu’elle allait être historique et toucher la chaîne info pendant 31 jours avant de la laisser pour morte. C’était pile au moment où ça commençait à chauffer sérieux entre journalistes et direction à propos d’un certain Jean-Marc Morandini. Lors d’un comité d’entreprise, le président de Canal+, Jean-Christophe Thiery, avait alors annoncé le déménagement de Direct Matin dans les locaux d’i-Télé à Boulogne-Billancourt et la création, ici-même, d’une « news factory », donc. Ce qu’il en disait ? Que c’était « un projet ambitieux ». Oui mais, l’avaient interpellé les élus du personnel, qu’est-ce qu’il y a dedans ? « Il est ambitieux », s’était contenté de répondre Jean-Christophe Thiery dont il avait été impossible de tirer quoi que ce soit d’autre, à croire que lui-même n’en savait rien de plus. Le piège semblait grossier : on déménage Direct Matin à i-Télé, et tiens, si les journalistes du gratuit, moins remuants, plus corvéables, la faisaient, cette chaîne ? Face aux questions des journalistes, la direction dément : il n’y aura aucun lien entre i-Télé et Direct Matin, juré, craché. Cette promesse est même couchée dans le protocole de sortie de grève signé mi-novembre 2016, même si le patron d’i-Télé, Serge Nedjar, chipote sur le terme de « frontière étanche » entre la chaîne et le gratuit et parvient à le faire remplacer par une formule plus floue. Ce même Nedjar venu de