À Bergson, rien. Ah si, tout de même. Devant le lycée du XIXe arrondissement qui a été la semaine dernière le théâtre d’un dérapage policier en forme de ramponneau asséné à un élève (sans compter quelques frottements d’oreilles un peu trop musclés), il y a une banderole lourde de la pluie qui va tremper toute la manifestation parisienne. Peinture rouge et noire au pochoir sur drap blanc : La violence policière détruit, le lycée Bergson construit !
Ça fait toujours un fond d’écran pour BFM TV qui fait un direct depuis l’établissement, direct chaperonné par un noueux gros bras embauché par la chaîne info pour protéger journalistes et matériel d’éventuelles escarmouches lycéennes. En l’espèce, un parapluie eût été plus indiqué.
Mais voilà Belhassen, visiblement étanche, rebondissant de rares lycéens en journalistes. L’élève de 17 ans représente le mouvement anti-loi travail côté Bergson (lire l’épisode 6, « La violence, c’est un plat qui se mange chaud et rapide ») ; il rameute ici, file dans le lycée, interpelle et disparaît. Finalement, le rassemblement prévu devant Bergson est annulé : c’est à Nation que ça se passe.

Là, dans l’est de Paris, se tient une manifestation apéritive du défilé prévu l’après-midi : essentiellement des lycéens, visiblement pas mal de gars et de filles du Mili, le Mouvement inter-luttes indépendant dont Les Jours dressaient le portrait ce jeudi, reconnaissables au fait qu’on ne les reconnaît pas sous leurs cagoules, bonnets, foulards, lunettes de plongées, quelques masques d’anonymous et un déguisement de lion.
Loi El Khomri, vie pourrie.
Le terre-plein central de la place de la Nation se vide d’un coup. Une direction a été donnée ? Un ordre de marche ? Non : il suffit qu’apparaissent des policiers pour qu’aussitôt la marée lycéenne déferle vers eux comme on aime jouer avec le feu. On s’approche de la flamme et on se retire brusquement parce que quand même, ça brûle un peu.
Ça brûle mais c’est rigolo : à chaque fumigène allumé, on est content ; à chaque pétard (à jeter dans une bouche de métro comme il se doit, ça fait plus de bruit), une clameur remonte le défilé comme une vague ; la surexcitation succède à l’excitation, les voix partent vite dans les aigus. Mais attention, on ne fait pas l’école buissonière, on n’est pas au jardin d’enfants : il y a une gravité dans les visages et les paroles. Derrière une banderole