C’est comme le dernier épisode tant attendu d’une série, qui finalement annonce une nouvelle saison sans apporter toutes les réponses aux questions qui consument tous les téléspectateurs. Ce mercredi, le Centre national de la musique (CNM) a publié une étude sur l’évolution du mode de redistribution des revenus du streaming musical, qui pose les jalons de révolutions à venir tout en avouant beaucoup d’incertitudes. Cette étude se penche sur une idée qui est dans l’air depuis des années mais qui revient très fortement, depuis presque un an, dans les discours des artistes privés de concerts par la crise interminable du Covid-19 (lire l’épisode 1, « Artistes et streaming, je ne t’aime plus mon amour »), comme une réponse au streaming qui ne paye pas assez : changer la façon dont l’argent est partagé en espérant donner moins aux riches et plus aux pauvres. Plus techniquement, il s’agit de passer du modèle actuel dit « market centric », qui redistribue selon la part de marché d’un artiste dans les écoutes d’un mois donné, à un modèle « user centric », qui répartit le coût de l’abonnement d’un utilisateur aux artistes qu’il a écoutés… et rien aux autres. C’est bien différent en pratique, car l’effet de bord le plus souvent dénoncé du market centric, c’est qu’il crée une course au volume d’écoutes où les artistes les plus en vue captent une part surdimensionnée de l’argent disponible parce qu’ils aspirent une bonne partie de l’abonnement d’auditeurs qui pourtant ne les écoutent pas. Inversement, des artistes qui ont une petite base de fans engagés mais ne réaliseront jamais des millions de streams se retrouvent avec des revenus qui ne reflètent pas cet engagement.