Quand le chômage monte, les conseillers Pôle emploi voient la vague enfler, arriver vers eux et les submerger. Jusqu’au début de l’année, Cathy Pizzuto avait la charge d’aider une grosse centaine de chômeurs à retrouver du travail. C’était gérable
, explique cette discrète conseillère de 39 ans, arrivée dans la maison en 2012. Mais l’onde de choc l’a atteinte entre l’hiver et le printemps. Il y a eu énormément de nouvelles inscriptions à Montargis à cette période
, constate-t-elle. En quelques mois, son « portefeuille » – le nombre de dossiers qu’elle a pour mission de suivre – a subitement grimpé à plus de 260.
260 chômeurs qu’il faut rencontrer, conseiller dans leur projet, guider vers une formation, remotiver quand ils flanchent… Cathy Pizzuto parvient à mémoriser quelques noms, ceux qui remontent souvent quand elle fait des recherches dans le « Zoom portefeuille ». Ce tableau Excel permet aux conseillers d’exhumer les CV en adéquation avec les postes à pourvoir. Pour les autres, impossible. David Fatta, le directeur de l’agence de Montargis, a beau demander aux conseillers de connaître leur portefeuille pour que ça tilte quand ils entendent parler d’une offre
, il admet qu’on ne peut pas se souvenir de 300 personnes
. En théorie, un agent devrait s’occuper de 70 chômeurs maximum en accompagnement « renforcé », de 100 à 150 en « guidé » et de 200 à 350 en « suivi ». C’est bien plus en réalité. À Montargis, la moyenne tourne respectivement autour de 100, 200 et 300 personnes.
Dans ce contexte, le premier tête-à-tête entre conseillers et chômeurs sert de gare de triage.