Les salariés de Pôle emploi ont souvent un point commun sur leur CV : le chômage. Avant de rejoindre le camp de ceux qui dispensent les conseils, beaucoup ont en effet eux-mêmes galéré pour trouver du travail, pendant six mois, un an, parfois plus. Certains étaient jeunes diplômés, d’autres sur le carreau après un licenciement ou une suite de contrats précaires. Parmi les conseillers que nous avons rencontrés à l’agence de Montargis, aucun n’a choisi son métier par vocation. Plutôt par nécessité de gagner sa vie, à la suite d’une inscription à un concours passé pour voir
et d’une opportunité qui leur a fait dire pourquoi pas ?
.
Après son BTS commercial, David Fatta, le directeur de l’agence, se souvient avoir envoyé 300 CV et lettres de motivation
, sans succès. C’était au début des années 1990. La France s’apprêtait à passer le cap des 3 millions de chômeurs. Il s’est présenté en 1993 au concours des ex-Assedic, qui géraient alors l’indemnisation du chômage, et est entré comme employé administratif. Michel-André Chasseing, son bras droit, a aussi pointé au chômage pendant une grosse année
après un licenciement économique. Il était ingénieur de recherche ; sa conseillère l’a poussé à passer le concours organisé en 2004, lors de la première grande vague de recrutement externe de managers.

Céline Meissonnier, 33 ans, se souvient bien de son examen d’entrée, dans un hall du parc des expositions d’Orléans où les tables des candidats se succédaient à perte de vue. Pour elle, c’était en 2009. Pôle emploi venait de naître. Elle était tombée sur une pub
qui invitait à rejoindre le nouveau service public de l’emploi. Avant cela, elle avait travaillé pour son mari artisan qu’elle aidait dans ses démarches administratives, la TVA et autres bonheurs quotidiens
. Un jour, il n’a plus eu les moyens de maintenir son poste. Céline a connu un an de chômage, puis un emploi aidé dans un collège, où elle s’occupait d’élèves handicapés. Mais mon conseiller de l’époque me répétait qu’un contrat aidé devait être un tremplin vers autre chose
, raconte-t-elle.
Certains n’ont pas fait le deuil de leur ancien métier, d’autres ont perdu confiance en eux en quittant le monde du travail. Je respecte d’autant plus leurs peurs que je suis passée par une période de flou.
Céline est arrivée chez Pôle emploi par hasard, mais elle s’y épanouit par goût pour le contact humain
. De son passage au chômage, elle essaye de conserver la mémoire de l’incertitude, de la précarité. Même si elle est désormais embauchée en CDI, Céline se dit qu’elle pourrait être à la place des demandeurs d’emploi un jour
. Lors de ses entretiens (lire