L’agence Pôle emploi de Montargis s’est mise à l’heure d’été. David Fatta, son directeur, sait que les vacances approchent quand les chômeurs commencent à venir accompagnés de leurs gamins, dès juin. D’après lui, l’ambiance dans le hall (lire l’épisode 2, « La cocotte-minute ») est aussi plus détendue par beau temps. Le soleil fait du bien à tout le monde
, assure le directeur-météorologue. Rien à voir avec l’atmosphère qui régnait début juin, quand des pluies diluviennes ont inondé le centre-ville de Montargis. Le climat pesait sur le moral des gens, ça s’est ressenti sur la tension à l’accueil.
Les stigmates des intempéries perdurent d’ailleurs. Mi-juillet, des boutiques inondées avaient toujours leur rideau baissé. Pôle emploi a dû fermer deux jours et les conseillers ont mis des semaines à rattraper le retard pendant que, le soir, certains épongeaient le sol de leur pavillon. Karine, aspirante aide à domicile croisée au centre de formation FAP, a subi le même sort et ne sait pas comment boucler son dossier de candidature : tous ses papiers ont été emportés par les eaux.
Il y a trois mois, Les Jours passaient pour la première fois les portes de l’agence Pôle emploi de Montargis à l’heure du « brief » matinal (lire l’épisode 1, « Avant l’ouverture des portes »). L’air encore embrumé, les conseillers préparaient la journée en coulisses, passant en revue les quelques offres à pourvoir. Avant que des dizaines de chômeurs ne déboulent dans le hall de l’agence chargés de leurs questions, de leur colère ou de leurs espoirs. L’un voulait contester un trop-perçu, l’autre se plaindre d’une baisse de ses allocations, un troisième jauger l’avancée de sa demande de formation. Avec un chômage à 13 %, le bassin d’emploi de Montargis est l’un des plus sinistrés du Loiret.
Nous y sommes retournés régulièrement depuis la mi-mai, passant plusieurs jours auprès des conseillers (lire l’épisode 3, « Parfois, je n’ai pas de solution »). Nous avons aussi tiré des fils qui nous ont emmenés hors des murs de l’agence. Chez Valérie et Marie-France, deux demandeuses d’emploi qui travaillent dur pour trouver un poste et boucler les fins de mois. Dans l’usine de Patrick Bourrelier, patron de JSM Perrin (lire l’épisode 7, « L’usine aux métallos précieux »), qui forme des stagiaires sans emploi à des métiers boudés par les candidats.