Le temps du chômage est long et court à la fois. Nous avions quitté Marie-France au début du mois de juillet dernier, à l’approche de la trêve estivale. Sans travail depuis un an, cette ex-ouvrière au chômage s’attendait à suspendre ses recherches pendant les grandes vacances. Juste le temps des six à huit semaines où l’économie s’assoupit. Rattachée au Pôle emploi de Montargis (Loiret) où nous l’avions rencontrée (lire l’épisode 6, « Marie-France qui se lève tôt »), elle espérait rattaquer à la rentrée par un stage dans l’aide à domicile. Mais six mois ont filé et « rien n’a bougé ». Aucun stage, aucune perspective d’embauche ne s’est concrétisé, malgré le reflux du chômage à l’échelle nationale.
À 47 ans seulement, Marie-France traînait depuis longtemps « une hanche bousillée ». Un mauvais souvenir de ses années d’usine. Plutôt du genre coriace, elle souffrait en silence. Elle payait aux anti-inflammatoires son entêtement à accepter des boulots contre-indiqués. Mais le champ des possibles n’a cessé de se restreindre. Au printemps dernier, elle pouvait de moins en moins se permettre d’accepter des postes de travail debout. Or, l’industrie propose la plupart du temps des emplois de ce type. En septembre, sa hanche s’est bloquée pour de bon. Son chirurgien n’y est pas allé par quatre chemins. « La prothèse était la seule solution, raconte-t-elle. Je n’aurais pas tenu jusqu’à la retraite. »
Son arrêt maladie, après l’opération, a couru jusqu’au début du mois de février.