Les assouplissements contenus dans les ordonnances qui réforment le Code du travail ne sont pas sortis du chapeau de quelques conseillers au lendemain de la victoire d’Emmanuel Macron. Ils sont prônés depuis plusieurs années par des économistes influents, dont certains sont passés par les cabinets ministériels. Ces conseillers des conseillers ministériels, universitaires et chercheurs, développent aussi leur expertise dans les organismes étatiques ou groupes d’experts, grands pourvoyeurs de rapports à destination des décideurs politiques, au premier rang desquels le Conseil d’analyse économique (CAE). Ceux qui ont directement inspiré les ordonnances sont des économistes du travail adeptes de la « flexisécurité », qui consiste à combiner plus de flexibilité dans les contrats de travail et les licenciements, compensée par une « sécurisation des parcours professionnels ». Mais comme nous l’avons expliqué précédemment (lire l’épisode 9, « Ordonnances : Medef matin, midi et soir »), les ordonnances dévoilées fin août par le gouvernement ont quasiment fait l’impasse sur le second volet. Sans la sécurisation, elles risquent d’accroître la précarisation des salariés. Leur plus grande implication dans la gouvernance des entreprises a aussi été passée à la trappe, comme l’a relevé l’économiste Thomas Piketty. Ce fort déséquilibre contribue à nourrir le mouvement de protestation qui s’exprime ce mardi 12 septembre à l’appel de plusieurs syndicats.
Malgré les nouvelles mesures de flexibilisation, l’économiste et professeur à Polytechnique Pierre Cahuc trouve que ces ordonnances ne vont pas assez loin.