En France, à 4 000 kilomètres de Mayadin, en Syrie, et de l’hôpital de fortune où il gît le ventre troué d’une balle, les parents de Yassin ne dorment plus. Dans un souffle crispé, sa mère résume la situation : C’était terrible. Un vrai cauchemar.
La famille entière vit suspendue au moindre appel, à la moindre notification WhatsApp venue de Syrie. Juste après son départ, une des sœurs de Yassin avait reçu un coup de téléphone d’une femme l’informant que son frère était en Syrie. L’indicatif était celui de la Grande-Bretagne. Les jihadistes utilisent souvent des applications permettant de générer de faux numéros.
Notre vie, c’était le téléphone. Même pour aller aux toilettes, c’était à tour de rôle pour que toujours, l’un de nous décroche rapidement.
Sa mère, Nadia, ne peut contenir ses larmes. On se dit :
Elle s’interrompt, émue, respire profondément, puis reprend. C’est pas possible.
Vous tombez du 16e étage. Vous le voyez mort. Tous ceux qui partent en Syrie, ils meurent. Donc pour moi, j’ai perdu mon fils à jamais. Je pensais à tout… Je pensais à ne plus vivre…Je retenais tous les numéros, j’envoyais :
Les nouvelles arrivent au compte-gouttes.S’il vous plaît, par pitié, dites à mon fils de me contacter, par pitié.
J’essayais de les attendrir pour qu’il me contacte. Et bon, après, le lendemain, des fois, il envoyait un message sur WhatsApp.