Sous la férule de l’État islamique (EI), chaque province est administrée par un wali, chaque ville par un émir. Un combattant, souvent irakien ou syrien, âgé en général d’une trentaine ou d’une quarantaine d’années occupe ce poste. En arrivant, après enregistrement de son identité complète, le père de Yassin est donc conduit dans le bureau de l’émir de Mayadin. « Donc, raconte-t-il aux Jours, je me présente, j’explique : “Voilà je viens voir mon fils.” Il a appelé quelqu’un, il lui a dit : “Vous l’accompagnez voir son fils.” »
L’insurrection jihadiste se perçoit et se vend dans sa propagande comme un État. Dès sa prise de contrôle, le groupe a imposé sur ses territoires, par la force et la terreur de son armée, une administration proto-étatique rudimentaire mais efficace. Une autorité à hiérarchie pyramidale, divisée en provinces avec, dans chaque chef-lieu, un wali, équivalent d’un préfet. Lui-même s’appuie sur les « marqama », les tribunaux islamiques qui appliquent une charia littéraliste avec une police en forme d’hydre tricéphale en grande partie composé d’étrangers : la « hisbah » pour les petits délits, la « shorta » pour ceux passibles, selon l’EI, de la peine de mort et les « emni », son service de renseignement chargé de traquer les espions, instaurant la peur au sein même de l’organisation.
Les wali s’appuient aussi sur la jurisprudence islamique de la maison des fatwas, basée à Raqqa.