De l’Hérault
C’est jour de marché à Balaruc-les-Bains. Soleil brûlant et personnes âgées partout dans les rues de la plus importante station thermale de France, en bordure de Méditerranée, près de Sète. Le député socialiste sortant, Christian Assaf, quitte un marchand de paella et tombe nez à nez avec un type jamais vu dans les parages. Il s’appelle Nicolas Démoulin, a 44 ans lui aussi et dirige une petite boîte de communication. Il est un novice absolu en politique et a collé bien en vue la photo de Macron sur ses petits tracts La République en marche. La rencontre dure une poignée de secondes. Embarras de deux candidats un peu gourds. « Je vous souhaite bon courage. Que le meilleur gagne… », lance Christian Assaf en tournant les talons. Et de me glisser : « Lui, il porte les couleurs des gens qui vont bien. Moi, je suis aussi le candidat d’une France qui va moins bien. »
Sans amertume mais sans illusions, ce pur produit du socialisme et « pro » de la politique (il est par ailleurs conseiller régional et artisan en chef de la majorité de gauche de la présidente d’Occitanie, Carole Delga) sait que la vague Hollande qui l’avait mené à l’Assemblée nationale pour la première fois en 2012 porte désormais le nom de Macron. Et que les divisions de la gauche, conjuguées à la puissance électorale du FN dans la 8e circonscription de l’Hérault, réduisent considérablement ses chances de pouvoir figurer au second tour. Mais il faut faire le job, pour ne pas avoir de regrets, au cas où… Il est le député sortant après tout. Celui d’un territoire biscornu et socialement fragile qui s’étend des quartiers ouest de Montpellier et serpente jusqu’à la mer et aux rives de l’étang de Thau, où le Front national a largement dépassé les 50 % dans plusieurs communes au second tour de la présidentielle. Du périurbain assez paupérisé, loin, très loin du monde de la start-up et des codes de la mondialisation, souvent incomprise ici.

Dans les rues de Balaruc-les-Bains, où jusqu’à 4 000 curistes venus de toute la France peuvent être accueillis quotidiennement, trouver des électeurs est une gageure en soi. Alors tomber en plus sur des sympathisants de « l’union de la gauche » comme dit Assaf, soutenu par quatre partis (PS, MRC, PRG, EELV), et en plus qui votent bien dans cette circonscription, relève de l’exploit. En dehors du copain poissonnier des halles qui a « rameuté pour la réunion de ce soir », on n’en croise pour ainsi dire aucun.
Dans le sillage de Christian Assaf s’ébroue ce jour-là une petite troupe militante typique de ce socialisme de conviction peut-être en voie d’extinction.