En Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre de France métropolitaine, depuis des années, les travailleurs sociaux, la protection de la jeunesse, la justice des mineurs dénoncent l’impossibilité de faire correctement leur travail. Sous-effectifs, nouvelles recrues mal formées, heures supplémentaires innombrables ont pour conséquences de fragiliser encore un peu plus des familles et des enfants en grande difficulté, des mineurs en danger. Luigi était l’un d’eux. Souvenez-vous de ces mots d’une travailleuse sociale après le décès de l’adolescent, le 17 septembre dernier à Saint-Denis (lire l’épisode 1, « 21 h 15, le décès de Luigi est prononcé ») : « Si nous avions pu faire notre travail correctement, Luigi serait toujours en vie. »
Derrière le cri d’alerte, il y a de la culpabilité et l’aveu d’impuissance de toute une profession. « On forme des jeunes à affronter des situations alors que nous savons qu’il n’y a pas les moyens institutionnels pour régler les problèmes sociaux auxquels ils vont être confrontés. Les stagiaires en protection de l’enfance reviennent dégoûtés », balance Angélique Gozlan. Cette docteure en psychopathologie est formatrice d’éducateurs spécialisés à l’Institut régional du travail social Parmentier, à Paris. Selon elle, tous les outils existent, mais le manque de moyens les rend tout simplement inopérants.
En Seine-Saint-Denis peut-être plus qu’ailleurs, il y a urgence.