Niamey, envoyée spéciale
Sous l’avion, le Sahara ressemble à un immense océan de sable. Au début du vol, des montagnes émergeaient ça et là, petits îlots au milieu d’une étendue couleur dorée. Puis plus rien, juste cette surface dorée qui ondule avec les dunes. Cela fait deux heures que je survole le désert, du Nord vers le Sud, en direction de Niamey, la capitale du Niger située au sud-ouest du pays.
Si PM390047, victime anonyme d’un naufrage en Méditerranée et dont j’essaie de remonter la trace, est parti d’Afrique de l’Ouest, il a traversé ce désert dans l’autre sens. Pas en avion comme je le fais, mais sur un pick-up ou sur la benne d’un camion, depuis Agadez, au centre du Niger, vers la frontière de la Libye, puis vers Sabratha, sur la côte. C’est là qu’il a embarqué en direction de l’Italie, sur le chalutier bleu qui a chaviré le 18 avril 2015, avec près de 800 personnes à bord (lire l’épisode 1, « PM390047, un mort en Méditerranée »). L’Italie a décidé d’identifier les corps avec l’aide du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Juste avant mon départ vers Niamey, 155 dossiers « ante mortem », déposés par des familles dont des membres se trouvaient potentiellement sur ce bateau, ont été transmis aux autorités italiennes (lire l’épisode 3, « Au Bureau des disparus, les espoirs s’empilent »). Ces prochaines semaines, ils seront examinés par l’équipe de la médecin légiste