Ça fait bizarre d’être d’accord avec Xavier Bertrand, mais 2020 est définitivement une année pleine de surprises. Le président (ex-Les Républicains) du conseil régional des Hauts-de-France s’exprimait sur Europe 1 ce lundi matin, quelques jours après la décision du gouvernement Castex de laisser les salles de spectacle et les cinémas fermés jusqu’à nouvel ordre, en raison de la stagnation de l’épidémie de coronavirus : « Dans un TGV, il y a 600 personnes assises les unes à côté des autres, disait-il. Dans un théâtre, un cinéma, il est possible de laisser un siège entre deux personnes. Pourquoi les fermer ? Le gouvernement doit être transparent et publier les avis scientifiques qui leur ont permis de prendre ces décisions. » C’est le point central. Sur quel savoir scientifique s’appuient le Conseil scientifique et le gouvernement pour garder les lieux de culture clos, plongeant dans l’incompréhension un secteur qui a passé l’année à s’adapter encore et encore aux différents protocoles sanitaires (lire l’épisode 1, « Les Trans Musicales remettent le son ») ?
Il y aura peut-être des réponses dans l’étude dite « ComCor », menée par l’Institut Pasteur et consacrée aux lieux de contamination, qui pourrait être publiée dans les prochains jours et doit notamment se pencher sur les cinémas et autres lieux de culture. Mais on ne peut que s’étonner que, selon nos informations, le seul laboratoire qui travaille aujourd’hui en France sur l’évaluation de la circulation du coronavirus dans les salles de spectacle n’ait pas même été contacté pour nourrir la réflexion. Le pôle innovation de l’Institut technologique européen des métiers de la musique (Itemm), au Mans, qui est bien identifié par le ministère de la Culture, s’est pourtant rapproché à plusieurs reprises de la profession, notamment fin juillet à Avignon alors que la nouvelle ministre, Roselyne Bachelot, annonçait son soutien au spectacle vivant. Mais rien. « Pour l’instant, les études scientifiques n’ont pas été beaucoup relayées, regrette auprès des Jours le Syndicat des musiques actuelles. Pour nous, c’est une des solutions qui nous permettraient d’avoir des données scientifiques pour prouver que les lieux de spectacles ne sont pas davantage un danger que d’autres lieux. » Ou qu’ils le sont particulièrement, puisque cela est tout à fait possible. Pourtant, la recherche de l’Itemm, nommée « Opera », pour « Outil probabiliste pour l’évaluation du risque par aérosols », dispose d’informations précieuses.