Hélène s’en va. Pendant des mois, cette conseillère d’un magasin Nocibé du nord de la France a travaillé avec, au-dessus de sa tête, la menace de son futur licenciement. En janvier dernier, le géant allemand de la parfumerie Douglas et sa filiale Nocibé annonçaient la fermeture de 500 magasins en Europe, dont 62 en France (lire l’épisode 1, « Chez Nocibé, un plan social de toute beauté »). Au nombre desquels, celui d’Hélène.
« Ce plan social, dit-elle, ç’a été une succession d’attentes. Passé le choc de l’annonce, il y a eu l’attente des négociations, sans qu’aucune de nous ne sache vraiment ce qu’était un PSE (plan de sauvegarde de l’emploi), ni si on aurait des indemnités de licenciement, un accompagnement au départ… » Il y a eu l’annonce de la reprise de certains magasins par l’enseigne April, en mai (lire l’épisode 2, « “Nocibé nous jette ? Très bien, ils s’en mordront les doigts” ») et le petit espoir, quelques jours à peine, que leur boutique en fasse partie. Avant que la liste ne soit publiée, sans elle. Mais plus que tout, il y a eu l’attente d’une date définitive de fermeture. « Jusqu’en septembre, nous n’avions aucune information. Rendez-vous compte, pendant huit mois, vous savez que vous allez être virée mais vous ne savez pas quand ! », s’exclame Hélène. Son magasin, comme la majorité des boutiques Nocibé concernées par le plan social, devrait finalement fermer définitivement ses portes le 31 décembre. « En attendant, on supporte la pression continue de la fin de l’année », soupire la conseillère. Les fêtes approchent, les vitrines se parent de guirlandes et les allées se remplissent. Dans la boutique, Hélène tourne, conseille, mais son esprit est tourné vers l’avenir. Nocibé, c’est fini.
Comme la plupart de ses collègues, la conseillère n’a pas demandé de reclassement en interne. Elle en avait pourtant la possibilité. Plus de 200 postes sont toujours disponibles sur la bourse à l’emploi de l’entreprise. Certains proches, dans d’autres boutiques de la région, d’autres plus lointains. Des 106 salariées encore concernées par le PSE, « toutes auraient pu conserver un emploi dans l’entreprise, souligne Véronique Moreau, déléguée CFTC