À Agadez (Niger)
Dans la rue de l’or à Agadez, au Niger, il faudrait placer une immense enceinte qui diffuserait en boucle la bande originale du Bon, la Brute et le Truand. L’ambiance est à la défiance et aux regards noirs. La lourdeur reste comme en apesanteur. Cette rue est le principal lieu d’échange de l’or du Sahara central : il en arrive du Niger, d’Algérie, du Mali, du Tchad… Tout s’achète et se vend dans un immense immeuble de béton décrépit à deux étages qui fait la longueur de la rue, environ 250 mètres. Au rez-de-chaussée, une trentaine de portes en verre fumé alignées s’ouvrent et se referment à la vitesse de l’éclair : ce sont les comptoirs d’achat. Devant chacune d’elles, des hommes font le guet, assis sur les deux marches des perrons. Un ado pousse un minichariot rouge et leur vend thé ou café sans mot dire. Seules quelques femmes qui proposent des beignets avec le sourire rendent l’endroit supportable.
En face du bâtiment se trouve le marché artisanal, où les fonderies d’or ont inéluctablement pris le pas sur les bijouteries touaregs, autrefois hauts lieux du tourisme occidental au Sahara. L’or est fondu là, puis vendu dans le paquebot de béton en face. D’où la tension permanente : cette rue, c’est un Wall Street de l’or, il ne faut rien rater de ce qu’il s’y passe, qui arrive et qui part, qui a fait fondre des