L’idée de cet épisode s’est imposée en discutant avec Sébastien. Cet ancien détenu nous parlait de sa réadaptation au monde extérieur dans un café parisien, pas loin de l’endroit où travaille désormais ce quinquagénaire qui a passé plus de trois ans en prison. « Avant, quand j’étais dehors, je mangeais sans faire attention. Maintenant, je connais la faim. » Il l’a dit comme ça, pudiquement. Puis a précisé à notre demande : « J’ai connu la faim à Fleury-Mérogis. Au début, on dépend complètement de l’administration pénitentiaire. Ça peut être très difficile. Le fait de mal manger va se répercuter sur le moral, sur la santé. Sans famille, sans soutien, c’est très chaud. »
Alors, Les Jours ont décidé de creuser cette question méconnue de l’alimentation en prison. « C’est une problématique qui est noyée dans d’autres, avance Matthieu Quinquis, avocat et président de l’Observatoire international des prisons (OIP). On va rarement avoir quelqu’un qui nous dit : “Je vous écris parce que j’ai faim.” C’est à travers des signalements sur d’autres soucis qu’on va lire “Ah oui et on ne mange pas bien”. Quand il y a des plaintes, la plupart viennent d’établissements avec des marchés de délégation. »
C’est de la merde, c’est fade, sans goût, sans sel, sans rien. Quand tu manges leurs trucs, tu maigris.
En prison, la restauration des détenus incombe à l’État, c’est prévu par la loi. Elle peut être prise en charge directement par l’administration pénitentiaire ou bien, et c’est souvent le cas pour les grosses structures, être confiée à un prestataire extérieur au terme d’un marché de gestion déléguée.