Il est le premier à avoir quitté Paris le 13 novembre 2015. Minuit venait de sonner quand il est monté dans un taxi direction Bruxelles, laissant derrière lui les membres du « convoi de la mort » (lire l’épisode 1, « Préparer la terreur »), futurs auteurs des attentats. Les 11 et 12 janvier 2022, Mohamed Abrini est aussi le premier à s’être soumis à un interrogatoire sur les faits devant la cour d’assises spécialement composée. Quatre mois après le début du procès, il est enfin l’heure de parler religion. Si la justice se garde de juger les croyances des accusés, c’est leur niveau de radicalisation qui intéresse la cour. « Pour moi, je ne suis pas radical », annonce d’emblée Mohamed Abrini. Et d’enchaîner : « Si j’étais libre, j’irais vivre dans un pays où la charia est appliquée. »
Si la loi islamique telle qu’il l’envisage avait été en vigueur dans son ancienne vie, on lui aurait coupé la main. Entre 2002 et 2015, Mohamed Abrini a été condamné à douze reprises et a passé plusieurs années en prison, notamment pour vol de coffres-forts
« Je ne suis pas cadre de l’État islamique, a-t-il choisi d’énoncer rapidement à l’audience. Je vois bien qu’on essaie de me tailler un costume trop grand pour moi. » Pour son interrogatoire, c’est une simple chemise que « l’homme au chapeau » (en référence à son couvre-chef aperçu sur les images de vidéosurveillance de l’aéroport de Zaventem à Bruxelles, le 22 mars 2016) a revêtue.